Aujourd’hui, notre biodiversité notre écosystème sont aux prises avec une menace invisible et omniprésente : la pollution plastique des océans.
Ce phénomène complexe menace la vie marine et transforme les vastes étendues bleues de notre planète en un dépotoir de déchets plastiques.
Examinons l’ampleur des dégâts avec les millions de tonnes de microplastiques rejetés chaque année dans les eaux et les conséquences sur notre environnement.
La pollution plastique des océans : où en sommes-nous ?
Les scientifiques disent que la gestion des déchets est un problème complexe et urgent qui nécessite une action collective.
Par ailleurs, comme le souligne Yvan Bourgnon, il est de notre responsabilité à tous de réduire notre consommation de plastique, de recycler correctement nos déchets toxiques et de soutenir des politiques qui favorisent des alternatives durables aux produits plastiques à usage unique.
Ensemble, nous pouvons aider à transformer le flot incessant dans nos océans en un filet d’eau que nos systèmes d’épuration et notre faune marine peuvent gérer.
Pollution des plastiques : l’ampleur du problème pour notre planète
Chaque année, on estime qu’environ 8 millions de tonnes de plastique finissent dans nos océans, ce qui est équivalent au poids d’environ 800 tours Eiffel !
Ce chiffre effrayant est le résultat d’une consommation excessive de produits, couplée à une mauvaise gestion.
170 000 milliards de déchets à la surface des océans
Un rapport publié ce mercredi par les scientifiques estime qu’environ 170 000 milliards de fragments de plastique flottent à la surface des océans mondiaux.
La pollution plastique des océans du monde a atteint des « niveaux inédits » au cours des 15 dernières années, selon ce rapport, qui appelle à un accord international prévu pour 2024 afin de protéger la planète de ce fléau.
L’article, paru mercredi dans la revue américaine PLOS One, chiffre à 170 000 milliards le nombre de particules présentes à la surface des océans, en majorité sous forme de microplastiques.
La majeure partie de ces déchets a été déversée en mer depuis 2005. Selon le rapport, la masse totale de cette pollution atteint 2,3 millions de tonnes.
L’étude suggère que les estimations précédentes étaient probablement sous-estimées et prédit une accélération de la situation si aucune mesure n’est prise pour la contrer.
Les conclusions sont basées sur des échantillons de plastique prélevés dans plus de 11 000 stations à travers le monde, sur une période de 40 ans, de 1979 à 2019.
Vers un accord international en 2024 ?
Bien que la quantité de déchets ait parfois diminué entre 1990 et 2005, en partie grâce à l’adoption de politiques efficaces comme la convention MARPOL de 1988 visant à éliminer le déversement de détritus par les navires, le recyclage, y compris dans les nations les plus développées, n’a pas été en mesure de freiner entièrement le problème.
Au cours de l’année écoulée, 175 pays se sont engagés à travailler pour mettre un terme à cette pollution plastique des océans.
Ils visent à élaborer un accord obligatoire d’ici la fin de l’année 2024, sous l’autorité des Nations Unies.
La prochaine phase des négociations est prévue pour le mois de mai à Paris. Les auteurs du rapport soulignent que cet accord doit avoir des objectifs suffisamment ambitieux pour non seulement réduire la production et la consommation, mais aussi pour améliorer la gestion de son élimination.
Quels-sont les océans les plus pollués ?
La pollution plastique affecte toute la surface des océans du monde, mais certains sont plus touchés que d’autres en raison de divers facteurs, y compris la proximité des zones peuplées, des courants océaniques et des pratiques de gestion des déchets.
Voici une liste des océans les plus pollués en termes de plastiques :
- L’océan Pacifique Nord : C’est actuellement l’océan le plus pollué. Il abrite le « Great Pacific Garbage Patch », qui est le plus grand amas océaniques au monde. Ce gigantesque tourbillon de débris, qui est plus grand que la taille de la France, est constitué de deux zones de déchets connectées par un courant marin.
- L’océan Indien : Selon une étude de 2020 publiée dans la revue Science, il est l’un des plus pollués en plastique, notamment en raison de la mauvaise gestion des déchets dans de nombreux pays riverains.
- La mer Méditerranée : Malgré sa taille relativement petite par rapport aux grands, la mer Méditerranée est fortement touchée. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), la densité de débris plastiques dans cette mer est parmi les plus élevées du monde.
- L’océan Atlantique : Bien que moins pollué que les précédents, il reçoit une grande quantité, en particulier de la côte est des États-Unis et de l’Europe de l’Ouest.
Notez que même si certaines zones sont plus polluées que d’autres, la pollution plastique des océans est un problème global qui affecte la définition de la biodiversité et tous les écosystèmes marins.
Les efforts pour résoudre ce problème doivent donc être mondiaux.
Zoom sur les continents de plastiques
Les « continents de plastique », parfois appelés « gyres de déchets » ou « tourbillons de déchets », sont des amas plastiques flottants qui se rassemblent dans certains zones des océans mondiaux.
Ces zones sont souvent situées dans les grands gyres océaniques, qui sont des systèmes de courants marins circulaires qui peuvent piéger les déchets flottants.
Le « Great Pacific Garbage Patch » (GPGP) : Situé dans l’océan Pacifique Nord entre la Californie et Hawaï, le GPGP est le plus grand continent de plastique existant. Il est si vaste qu’il couvre une superficie estimée à plus de deux fois la taille du Texas. Le GPGP est en réalité composé de deux zones distinctes de débris plastiques, appelées le gyre de déchets de l’est du Pacifique et de l’ouest du Pacifique, qui sont reliées par une zone de débris plus fine.
L’amas de déchets de l’Atlantique Nord : Ce continent de plastique est situé entre la côte est des États-Unis et les îles Bermudes. Bien que plus petit que le GPGP, il contient toujours une quantité importante de pollution plastiques et a été étudié depuis les années 1970.
Le continent de l’océan Indien : Découvert plus récemment, cet amas est situé dans l’océan Indien central et a été étudié pour la première fois en 2010. Il est encore moins bien compris que les amas de l’Atlantique et du Pacifique, mais les premières recherches indiquent qu’il contient une concentration significative.
Bien que ces continents de plastique soient extrêmement préoccupants, ils ne sont pas des masses solides que l’on pourrait « marcher » dessus.
Ils sont constitués de concentrations variables de débris, allant de gros objets flottants à de minuscules microplastiques qui peuvent être dispersés sur de vastes distances.
De plus, ces continents ne représentent qu’une fraction de la pollution plastique globale des océans, car une grande quantité coule au fond de l’océan ou se décompose en microplastiques qui sont plus difficiles à détecter et à quantifier.
Impact sur la faune marine
La faune marine est la première à ressentir les effets dévastateurs de cette pollution plastique des océans.
Les déchets plastiques, qu’ils soient de grande taille ou microscopiques, présentent un danger pour de nombreux animaux marins.
Ces créatures marines peuvent s’étouffer, ou se retrouver emmêlées dans des débris plus volumineux, causant des blessures ou même la mort.
Le danger des microplastiques
Comme le rappel Yvan Bourgnon, un aspect particulièrement troublant de la pollution plastique est le phénomène des microplastiques.
Ce sont de minuscules particules de plastique, de moins de 5 mm, qui sont soit produites à cette taille (comme dans certains produits cosmétiques), soit résultent de la dégradation de déchets plastiques plus grands par l’action des vagues, du soleil et des micro-organismes.
Ils sont ingérés par une grande variété d’organismes marins, devenant ainsi une partie toxique de la chaîne alimentaire.
Quel est l’impact des produits à usage unique sur la pollution plastique des océans ?
Une grande partie de la pollution plastique des océans provient de produits à usage unique, tels que les sacs, les bouteilles, les pailles et les couverts.
Ces articles, utilisés pour quelques minutes seulement, peuvent perdurer dans nos océans pendant des centaines, voire des milliers d’années, avec des conséquences désastreuses pour les écosystèmes marins.
Leur utilisation et leur gestion inadéquate contribuent de manière significative à la pollution plastique des océans et aux problèmes environnementaux associés.
Voici l’impact de ces déchets sur nos fons marins :
- Pollution plastique : Les produits à usage unique sont souvent jetés après une seule utilisation, ce qui génère une quantité importante de déchets. Un grand nombre de ces millions de tonnes de débris se retrouvent dans les océans, où ils menacent la vie marine et perturbent les écosystèmes et la biodiversité.
- Microplastiques : Lorsqu’ils sont exposés aux éléments, les plastiques à usage unique se décomposent en minuscules fragments appelés microplastiques. Ces particules peuvent être ingérées par la faune marine et finir par entrer dans la chaîne alimentaire.
- Epuisement des ressources : La production nécessite l’utilisation de ressources naturelles précieuses, y compris les combustibles fossiles pour la production. Cela contribue non seulement à l’épuisement de ces ressources, mais aussi à l’émission de gaz à effet de serre et au réchauffement climatique.
- Gestion des déchets : Ces sources de plastiques posent d’importants défis en matière de gestion. De nombreux systèmes de gestion ne sont pas équipés pour gérer l’afflux de ces produits, ce qui peut entraîner une décharge ou une incinération inappropriée, avec des effets néfastes sur le respect l’environnement et la santé humaine et animale.
- Impact économique : La gestion de ce plastic a un coût économique significatif. Les villes et les municipalités doivent dépenser des sommes considérables pour la collecte, le tri et l’élimination.
Malgré leur commodité, les produits à usage unique ont un coût environnemental et économique élevé. Il est essentiel de promouvoir des actions et des alternatives durables ODD et de mettre en place des politiques visant à réduire leur utilisation ou a viser le recyclage.
Quelle est le lien avec la pêche ?
La pollution plastique des océans a un lien étroit avec l’industrie de la pêche, et cela se produit à plusieurs niveaux.
Une partie importante provient de l’équipement de pêche perdu ou abandonné.
Ces engins, tels que les filets, les lignes, les pots et les casiers, sont souvent en plastique et peuvent perdurer dans l’environnement marin pendant des années, voire des décennies.
De plus, l’équipement de pêche perdu ou abandonné peut causer des dommages importants à la faune marine.
Les animaux peuvent se retrouver emmêlés dans les filets ou les lignes, ce qui peut provoquer des blessures graves ou la mort.
Ils peuvent ingérer de petits fragments, ce qui peut nuire à leur santé et potentiellement perturber les populations de poissons et autres espèces marines.
La pollution plastique des océans peut également avoir un impact économique direct sur l’industrie de la pêche.
Les débris peuvent endommager les équipements, et les espèces de poissons et autres fruits de mer qui ont ingéré du plastique peuvent être moins appétissants pour les consommateurs.
Cela souligne la nécessité d’une gestion plus durable ODD, y compris des pratiques plus responsables en matière d’équipement de pêche et de gestion des déchets, pour aider à réduire la pollution plastique des océans.
Quelle est le trajet du plastique jusqu’à l’océan ?
Les scientifiques soutiennent que le trajet, de son utilisation jusqu’à son arrivée dans l’océan est un processus complexe qui implique plusieurs étapes et différents acteurs.
Voici un aperçu jusqu’à ce que la pollution des océans arrive à la surface de la mer.
- Production et utilisation : Le plastique est produit à partir de substances pétrochimiques dans des usines, puis transformé en une variété de produits que nous utilisons dans notre vie quotidienne – des sacs de courses aux bouteilles d’eau, en passant par les emballages alimentaires et les jouets. Une fois qu’ils ont été utilisés, ils deviennent des déchets.
- Élimination des détritus : Dans un monde idéal, tous seraient correctement éliminés. Cependant, en réalité, une grande partie n’est pas correctement gérée. Certains pays n’ont pas de systèmes de gestion efficaces, et même dans les pays qui en ont comme la France, toute cette pollution plastiques n’est pas recyclables ou ne sont pas recyclés en raison de diverses raisons économiques et pratiques.
- Décharge et décomposition : Beaucoup de ces déchets plastiques finissent dans des décharges, où ils peuvent prendre des centaines, voire des milliers d’années à se décomposer. Pendant ce temps, ils peuvent être emportés par le vent ou les eaux de ruissellement, finissant dans les rivières et les ruisseaux.
- Transport par les rivières : Elles jouent un rôle clé dans le transport de la pollution vers les océans. On estime que plus de deux tiers de tous les plastiques marins proviennent de seulement 20 rivières, principalement en Asie.
- Arrivée dans l’océan : Ils ont emportés par les courants marins, formant parfois d’énormes « gyres » de déchets, comme le célèbre « Great Pacific Garbage Patch ». Ils peuvent également se décomposer en microplastiques sous l’effet de l’action des vagues, de l’exposition au soleil et de l’activité des micro-organismes. Ils peuvent être ingérés par la faune marine, entrant ainsi dans la chaîne alimentaire.
Le trajet du plastique de son utilisation jusqu’à son arrivée dans l’océan est donc un problème complexe qui implique non seulement les comportements individuels, mais aussi les systèmes de production, de consommation à l’échelle mondiale.
Comment évolue la pollution plastique des océans ?
Une fois dans l’océan, elle subit une série de transformations et d’interactions avec la non-protection de l’environnement marin, qui peuvent avoir des impacts durables et dévastateurs sur la biodiversité et les écosystèmes marins.
- Décomposition et fragmentation : Exposés aux éléments naturels tels que le soleil, les vagues et les températures marines, les sources commencent à se décomposer et à se fragmenter en morceaux plus petits. Ce processus peut prendre des centaines, voire des milliers d’années pour certains types. Au fur et à mesure de leur décomposition, ils se transforment en microplastiques, des particules de plastique de moins de 5mm.
- Dispersion par les courants océaniques : Les millions de produits sont transportés par les courants océaniques, ce qui peut les disperser sur de grandes distances. Certains de ces débris se rassemblent dans des zones de convergence océanique, formant de gigantesques vortex de déchets, comme le « Great Pacific Garbage Patch ».
- Ingestion et enchevêtrement par la faune marine : De nombreux animaux marins, y compris des oiseaux de mer, des tortues, des poissons et des mammifères, peuvent ingérer des éléments ou se retrouver emmêlés dans des débris plus volumineux. Cela peut causer des blessures, une incapacité à se nourrir ou à se déplacer correctement, et souvent la mort.
- Introduction dans la chaîne alimentaire : Les microplastiques peuvent être ingérés par une variété d’organismes, y compris le zooplancton, qui constitue la base de la chaîne alimentaire marine. Cela peut entraîner une bioaccumulation de plastique et de polluants associés, affectant potentiellement la santé humaine lorsque nous consommons des fruits de mer contaminés.
- Dégradation et libération de produits chimiques : Au fur et à mesure qu’ils se décomposent, ils peuvent libérer des substances chimiques dangereuses qu’ils contiennent, comme des phtalates ou du bisphénol A (BPA). Ces substances peuvent avoir des effets toxiques sur la faune marine et peuvent également entrer dans la chaîne alimentaire.
Bien que ces plastiques se décomposent en particules plus petites, ils ne disparaissent pas complètement, mais deviennent simplement plus difficiles à voir et à gérer.
Par conséquent, la réduction de la pollution plastique des océans doit commencer par des actions à la source, en réduisant notre utilisation et notre production.
En écho avec votre article, dessinatrice, j’ai réalisé une série sur la pollution des océans conçue à partir de photographies de particules de plastiques trouvées sur des plages aux quatre coins du monde !